Mademoiselle Lopez – Critiphotodanse

Des chorégraphes gais et heureux de vivre, respirant le bonheur à pleins poumons, c’est bien rare par les temps qui courent mais cela existe: pour preuve, la montpelliéraine Anne Lopez a trouvé le remède contre la morosité qui nous étouffe quotidiennement, et elle nous le fait partager avec un plaisir non dissimulé. Pas moyen en effet de rester de marbre devant Mademoiselle Lopez, solo autobiographique peut-être, décoiffant sans aucun doute, dans lequel elle mêle avec beaucoup de bonheur la danse bien évidemment, mais aussi le mime, le chant, le cirque et le théâtre. Pour nous dire quoi ? Son insouciance, son bien-être, sa joie et son désir de vivre mais, surtout, le besoin de nous le communiquer. Et elle n’y va pas par quatre chemins, la bougresse ! Elle nous le suggère avec un petit air mutin et moqueur, et même avec une certaine effronterie, allant jusqu’à dévisager son public avec insistance comme des bêtes curieuses pour clamer tout de go à l’un des spectateurs en le fixant droit dans les yeux : « Vous m’inspirez… Si, si ; là, je viens d’avoir une idée »… Mais on ne saura jamais laquelle car, sautant du coq à l’âne, elle se met en devoir d’évoquer cette fois la beauté et la chaleur de sa maison avec son hall d’entrée, sa loggia, ses chambres, sa cave mais aussi… les risques qu’elle encourt à y habiter ! Elle en conclut alors que, pour les éviter, il vaut mieux la détruire… Tout cela avec une gestuelle spirituelle, sur un ton badin et bon enfant. Certes, c’est un tantinet surréaliste, mais non sans poésie et, surtout, sans prétention aucune, sinon l’envie de nous faire voyager dans un autre univers en nous suggérant que même les catastrophes ne seront finalement que futilités dans l’existence et qu’il y a toujours plus grave que ce qui peut nous arriver ou nous être arrivé ! Tout cela évoqué avec une spontanéité telle qu’elle nous conduit à se demander si, finalement, ce ne serait pas elle qui détiendrait la vérité…

La seconde pièce du programme, un quintette pour cinq hommes, s’avère de la même veine. Duel est une évocation des combats singuliers à travers les âges, traités bien sûr sur le ton de l’humour et de la dérision. Don Quichotte n’est pas bien loin, le grand guignol non plus, et on pique de bonnes crises de fou rire durant un spectacle qui nous masque en fait ce qui se cache derrière cette farce cocasse : le fait qu’autrefois, un duel se terminait généralement par une mise à mort… En fait, Anne Lopez, qui s’est inspirée des duels dans la littérature et le cinéma, évoque, outre les raisons qui poussent les hommes dans ce face à face mortel, l’engagement total des combattants–danseurs dans leur rôle, lequel nous touche tout particulièrement du fait de leur présence et de la force de leur jeu, là, devant nous. Mais ne croyez-vous pas qu’il serait dommage, en réfléchissant trop, de bouder notre plaisir ?

Par J.M. Gourreau sur critiphotodanse Le 24/03/2013

Written by: Camille